CAPD annexe 3 - Prise en charge
CT – 30 Prise en charge des troubles auditifs centraux
Annexe 3
Dans cette prise en charge, quatre aspects sont d’égale importance, liés et interdépendants.
1/Evaluation multidisciplinaire complète
En plus du bilan auditif central, une évaluation complète des fonctions cognitives et neuropsychologiques doit être établie. La prise en charge globale sera élaborée en fonction de chaque profil individuel.
2/Aménagement de l’environnement
En sus des parents, tous les intervenants professionnels doivent être parfaitement informés de la nature des fonctions auditives centrales et des symptômes de leurs troubles, essentiellement la difficulté d’intelligibilité dans le bruit.
Dans la classe et le milieu privé, des adaptations de l’environnement aideront le sujet à développer le moins d’énergie possible dans sa recherche des informations critiques :
- Réduire ou éliminer les sources inopportunes de bruit (cf.Rec.9-4) ;
- En classe, choisir la place la plus appropriée ( éviter les réverbérations, emplacement central ou en deuxième rang) ( Cf. Rec. 06-10) ;
- Adjoindre un preneur de notes ou autoriser le sujet à enregistrer le cours. Le but est de permettre au sujet de focaliser toute son attention sur le locuteur, d’éviter une attention divisée et la perte d’informations auditive pendant la prise de note ;
- Après un temps d’observation, envisager l’utilisation d’un récepteur individuel FM ou autre appareil d’assistance auditive ;
Peut-être le point le plus important est d’obtenir la compréhension et la coopération de l’entourage. A la maison ou dans la voiture, être attentif au volume de la radio, de la TV et aux multiples locuteurs. Pour l’enseignant, anticiper l’apport de nouvelles informations ou de nouveaux mots de vocabulaire, répéter et/ou reformuler une information tant sous forme auditive que visuelle, étayer visuellement les informations orales (schéma, pictogramme, mimogestualité, …), régulièrement vérifier la bonne compréhension…
3/Activités de rééducation
Leur but est d’atténuer les effets du déficit par des exercices spécifiques, soit en entraînant le sujet à réaliser des taches d’écoute ciblée, soit par entraînement du système auditif dans l’espoir d’induire dans ce dernier des modifications de structure et de fonction (Cf. Rec. 28-1 et 28-2).
En général, l’utilisation d’un matériel auditif non signifiant stimule le traitement type “ bottom-up ” de l’information. Inversement, le matériel signifiant stimule le type “ top-down ”. Leur utilisation conjointe est recommandée. Chacune de ces activités doit être proposée de manière progressive, de la moins à la plus difficile, dans le calme puis dans des situations bruyantes et distrayantes. Ces activités seront choisies non pas séquentiellement mais en fonction du profil de chaque sujet.
- Activités de closure auditive : le but est d’entraîner le sujet à compléter une partie manquante du message afin d’en percevoir l’entièreté. En difficulté croissante : le mot manquant ; la syllabe ; le phonème…
- Exercices de prosodie : apprendre au sujet à reconnaître et utiliser la prosodie d’un énoncé dont la variation d’intonation modifie le sens : le mot isolé ou placé dans la phrase, la phrase dans laquelle une variation d’intonation, de rythme ou d’un autre élément prosodique altère le sens ; recherche du mot clé ; lecture à haute voix avec exagération des caractéristiques prosodiques.
- Exercices phonémiques : Entraîner le sujet à percevoir une représentation phonémique correcte et à la transposer en maîtrise du graphème : présentation de paires de phonèmes avec contraste minimal, syllabes puis mots de complexité croissante, transposition phonème-graphème …
- Exercices morphosyntaxiques : Entraîner le sujet à l’aide d’exercices visant la morphologie, le lexique et la syntaxe afin de faciliter l’appropriation de la langue. Proposer également des exercices concernant l’attention auditive et la mémoire auditivo-verbale pour améliorer la compréhension de phrases et de consignes longues et complexes.
- Exercices inter-hémisphériques : Ils sont destinés à améliorer le transfert transcalleux de l’information. Ils doivent fournir une possibilité de répétition afin de stimuler au mieux le corps calleux. Parmi les activités verbales, une activité verbo-motrice peut être utilisée. Par exemple le sujet est invité à rechercher de la main un objet ou une forme désigné et caché dans un sac ou derrière un écran. Une activité motrice-verbale est réalisée lorsque la consigne est inversée : le sujet trouve de la main un objet et est invité à le dénommer verbalement. La pratique du chant et des instruments musicaux impliquent un transfert transcalleux rapide.( Parmi les activités non verbales, l’exécution de mouvements coordonnés par des segments de l’hémicorps droit et gauche peut satisfaire le but, ainsi la simple action de passer la balle d’une main à l’autre.)
Sous la supervision d’un professionnel , des stimulations verbales et non-verbales fournies par divers matériels informatisés peuvent être envisagées à domicile. Elles favorisent l’engagement personnel des parents et de la fratrie.
4/Stratégies compensatoires
L’aspect le plus important de la prise en charge des troubles auditifs centraux est d’amener le sujet à devenir un auditeur actif plutôt que passif. Les stratégies opportunes consistent à lui apprendre à dépasser ses difficultés, à optimiser ses capacités de compréhension, son aptitude à résoudre les problèmes et à accroître sa motivation.
Il est proposé un entraînement aux règles du langage, à la liaison de phonèmes et de syllabes, à la réécoute individuelle, à l’exercice de la paraphrase ou encore à l’utilisation d’aides extérieures.
Le patient pourra prendre conscience de ses difficultés, les comprendre, les exprimer afin qu’elles soient prises en compte.
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